Ituri : la CNR alerte sur la sécurité des sites de déplacés

Salongo KAKOKO MAURICE, superviseur des administrateurs des sites à la Commission nationale pour les réfugiés (CNR), bureau de coordination de Bunia, tire la sonnette d’alarme sur les conditions sécuritaires dans les sites de déplacés internes en Ituri, après une attaque survenue au site de Kigonze.

Créé en 2019, le site de Kigonze, situé à Mudzipela dans la commune de Shari (ville de Bunia), héberge actuellement 3 126 ménages, soit 15 012 personnes. Le 5 novembre dernier, un incident grave a éclaté à la suite de l’arrestation d’un visiteur surnommé « Tango Papa », accusé d’être communicateur de la milice CRP (Convention pour la Révolution Populaire). Bien qu’il ne soit pas enregistré comme déplacé, sa présence sur le site a suscité des tensions, amplifiées par des protestations sur les réseaux sociaux.

Quelques jours plus tard, un groupe masqué à moto, appuyé par certains déplacés, a incendié plusieurs infrastructures : les bureaux de l’association des chauffeurs de motos, du comité directeur, des abris, des boutiques, ainsi que des espaces de formation pour filles-mères. L’école Sainte-Anuarite a également été légèrement touchée.

« Les effets militaires, tenues ou indices sont strictement interdits dans les sites. Aucun groupe armé ne peut y séjourner », rappelle Maurice Salomouka. Malgré l’intervention rapide de la police, alertée par le coordonnateur de la CNR, les dégâts restent considérables.

Face à cette situation, la CNR a convoqué des réunions humanitaires et prévoit une campagne de sensibilisation axée sur le respect du caractère civil des sites, la cohabitation pacifique et la protection des infrastructures.

Un poste de police est désormais actif à proximité du site, mais les autorités sont appelées à renforcer la sécurité dans l’ensemble des 69 sites de la province.

Le superviseur déplore également le manque de moyens : « Depuis son installation en avril 2021, notre bureau de coordination à Bunia n’est pas subventionné. Les agents ne sont pas rémunérés et nous dépendons de partenaires comme le HCR et l’OIM pour des missions ponctuelles. »

Malgré les défis, la CNR reste engagée dans sa mission humanitaire. « Nous souhaitons être rendus permanents dans les sites pour mieux répondre aux besoins des déplacés », conclut Maurice Salomuka.

Rédaction