Ituri / Procès Apayi Djamba Bijoux : plus de 377 000 USD détournés, 224 espaces cédés illégalement

Le Tribunal de Grande Instance de Bunia a ouvert, ce mardi 15 mai 2025, le procès très attendu de Madame Apayi Djamba Bijoux, ancienne Cheffe de Division Provinciale des Infrastructures et Travaux Publics de l’Ituri.

Elle est accusée d’avoir orchestré une vaste opération de spoliation des biens publics de l’État, entraînant le détournement présumé de 377 710 USD à travers la signature de contrats irréguliers sur 224 locaux bâtis sur des terrains publics.

L’affaire découle d’un audit diligenté par le Gouverneur militaire de l’Ituri, via l’Inspection Provinciale des Finances (IPF), service chargé du contrôle administratif des finances publiques. Le rapport d’enquête met en lumière d’importantes malversations financières et la vente illicite de terrains appartenant à l’État.

D’après les conclusions de l’audit, entre 2019 et 2025, Madame Apayi Djamba Bijoux aurait signé plus de 110 contrats de partenariat public-privé avec des opérateurs économiques. Deux sites publics clés de Bunia sont particulièrement concernés :

  • 199 locaux sur l’espace *Garage STA/SU 387,
  • 25 locaux sur le complexe administratif ITP au rond-point Pic Nic.

Chaque local aurait été attribué contre une caution de 1 000 USD, générant 271 150 USD. À cela s’ajoutent 106 560 USD de frais d’entretien perçus mensuellement (10 USD par mois et par local), soit un montant total présumé détourné de 377 710 USD, selon l’IPF.

Ces fonds étaient destinés à l’aménagement des bureaux du ministère provincial des Infrastructures, mais aucune trace concrète de leur affectation n’a été retrouvée.

La prévenue fait face à cinq chefs d’accusation, considérés comme des crimes économiques sévèrement sanctionnés par le Code pénal congolais :

  1. Détournement de deniers publics (article 145),
  2. Stellionat (spoliation des terres de l’État, articles 95 et 96),
  3. Escroquerie (article 98),
  4. Faux en écriture commis par un fonctionnaire public (articles 124 et 125),
  5. Usage de faux.

Parmi les pièces produites au dossier figurent deux contrats falsifiés, dont l’un signé au nom d’un autre chef de division et un autre portant un faux sceau et une fausse signature de l’ancien maire de Bunia.

Le premier jour d’audience s’est conclu sur un renvoi au 25 mai 2025, à la demande de la défense de Madame Apayi Djamba Bijoux, absente à l’audience. Une décision qui a suscité l’indignation des parties civiles, notamment la Division Provinciale des Infrastructures et Me Mukuna Kasanda Fidèle (UDPS/Ituri).

Certains contrats conclus par la prévenue s’étendraient sur 25 à 30 ans, voire à durée indéterminée, sans respecter la procédure légale de désaffectation des biens publics. De plus, plusieurs constructions concernées se trouvent sur des zones à servitude technique, destinées à des infrastructures essentielles (passage de la REGIDESO ou lignes haute tension).

En vertu des articles 204 à 206 de la Loi Foncière congolaise, ces contrats sont nuls de plein droit, et l’administration peut ordonner la démolition des bâtiments aux frais des occupants, sans indemnisation.

Ce procès pourrait devenir un cas emblématique dans la lutte contre la corruption et la spoliation du patrimoine de l’État en Ituri. La population et les autorités attendent des mesures fortes contre les abus commis par des agents publics.

Rendez-vous est pris au 25 mai prochain, où la prévenue est appelée à comparaître personnellement devant la barre. La justice devra trancher : ces contrats peuvent-ils survivre à leur illégalité ? Qui rendra les fonds présumés détournés ?

Rédaction

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