Depuis lundi 15 août, les travaux de la table-ronde sur la levée ou non de l’état de siège à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo.
Pendant ce temps, le Chercheur Didier Likele donne sa lecture de toute la situation avant, pendant et ce que sera l’après état de siège. Votre média livre ici l’intégralité de ladite réflexion :
« D’abord je commence par rappeler que cette décision est de police administrative avec une mission précise, celle de pacifier dans l’urgence les deux provinces concernées. Elle est clairement régis par la constitution dans ses principes et sa durée.
- Au plan de forme, l’état de siège est décrété pour une pour une durée de 30 jours avec possibilité de prorogation sous la permission du parlement pour 15 jours !
- Au plan de mission, l’état de siège est décrété dans l’urgence afin de résoudre une situation d’urgence. Les pouvoirs éxhorbitant conféré à ce régime spécial est de nature à l’aider à résoudre avec efficience la mission pour laquelle il a été créé. Et ce pouvoir exhorbitant est de nature à priver la population de certains de ses droits et libertés, ce qui est une exception dans un régime démocratique comme le nôtre ! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le constituant lui a accordé seulement 30 jours avec 15 autres de prorogation.
3. SITUATION OU ETAT DES LIEUX
C’est depuis le mois de mai de l’année 2021que le Chef de l’Etat Félix Antoine TSHISEKEDI a décrété cet état d’exception dans les deux provinces du Nord Kivu et de l’Ituri en vue d’aider à imposer la paix dans ces deux provinces dans un bref délai.
Mais en faisant aujourd’hui le petit calcul, il en ressort que nous sommes au delà de 2 ans de l’état de siège alors que sur terrain la situation semble même s’empirer d’avantage qu’avant état de siège d’où la convocation de cette table ronde qui a débuté depuis hier 14/08 pour 3 jours.
Les discours du premier ministre SAMA LUKONDE et surtout celui du Chef de l’Etat au lancement des travaux étaient de haute facture puisque rationnels et sincères !
Les travaux ont été lancé sous trois thèmes ou questionnements adressés aux participants en vue d’éclairer le Chef de l’Etat dans sa prochaine décision : Pourquoi maintenir , requalifier ou lever l’état de siège ?
Étant donné que quelque part dans le discours du Chef de l’Etat, il a été demandé aux participants de réfléchir en vue de choisir la meilleure solution parmi les trois. C’est dans ce cadre que nous allons tenter de répondre avec les participants aux questions posées.
A. POURQUOI GARDER L’ÉTAT DE SIÈGE.
Sans ironie ni mauvaise foi, j’ai essayé de trouver une seule raison pour laquelle on peut maintenir cet état d’exception, je n’en ai pas trouvé suite aux arguments suivants :
- Question de bon sens, une mesure censée durée un mois avec prorogation de
15 jours, dure plus de deux ans, donc la durée des différentes prorogations dépasse la durée normale de très loin ! - L’inefficacité car si je comprends bien, les prorogations sont dues au fait que l’objectif n’était pas encore atteint ! De ce fait, je me demande comment on peut s’obstiner à garder une mesure exceptionnelle qui n’a pas satisfait ?
- Question de spécialité Étant donné que la mesure permet pas à nos militaires de rester focus sur le succès de leur mission: imposition de la paix ! Car nous pensons sans peur de nous tromper que cette situation ne permet pas à ces derniers de se concentrer sur leur mission traditionnelle d’où la difficulté d’obtenir les meilleurs résultats !
- Risque d’affairisme : si c’est pas encore arrivé, il y a risque que les militaires soient plus attiré par le pouvoir et l’argent avec envie probable de refuser ainsi d’atteindre l’objectif leur assigné à travers l’état de siège ; parce que le fait d’atteindre l’objectif signifierait la fin du règne, le pouvoir étant enivrant !
- Le rejet de la population.
- Un régime qui ne bénéficie plus du soutien populaire est d’avance voué à l’échec ! Il suffit juste d’observer la réaction des participants durant le discours du Chef de l’Etat lorsqu’il parlait de la possibilité de mettre fin à ce régime exceptionnel (applaudissements) le message est donc claire : la population n’en veut plus !
Je conclus cette séquence en posant la question suivante : entre le gouverneur militaire et le commandant région, qui dirige au quotidien les opérations sur terrain ? Si c’est le commandant région, pourquoi a-t-on peur de lever cette mesure ? Si c’est le gouverneur militaire, que fait le commandant région? allez-y imaginer le risque d’usurpation des fonctions et d’empiétements qui peut en résulter au point de favoriser les conflits des pouvoirs dont les conséquences seront sûrement en défaveur de la paix !
B. POURQUOI REQUALIFIER L’ÉTAT DE SIÈGE ?
Personnellement je ne vois pas pourquoi on doit s’obstiner à vouloir maintenir un régime spécial à ce stade alors qu’il est juste question d’éviter les multiples sources de commandement, de renforcer les capacités opérationnelles de nos militaires sur terrain et y mettre un peu plus de volonté afin d’obtenir des bons résultats !
C. POURQUOI LEVER L’ÉTAT DE SIÈGE ?
Plusieurs raisons sont en faveur de la levée pure et simple de cet état d’exception, notamment :
- Ça va permettre de décharger les militaires des autres tâches : administratives et politiques et limiter le risque d’affairisme;
- Ça va permettre de rétablir la confiance entre les militaires et les civiles en crise depuis un moment à cause de l’incapacité pour l’état de siège de vite rétablir la paix comme espérer ;
- Ça va en plus de restituer aux citoyens leurs droits et libertés en veilleuse surtout à la veille des élections générales ;
- ça va aussi permettre le rétablissement du pouvoir civile en vue de diminuer le nombre des frustrés et remettre les choses dans les rails ;
- Ça va permettre enfin au Chef de l’Etat de recouvrer la confiance de toute sa population un peu mise en mal notamment par le maintien de l’état de siège dans la durée sans vraie solution!
Les raisons ne sont pas exhaustives, mais en vue de faciliter la lecture, nous préférons nous arrêter là en précisant que nous sommes juste entrain de répondre à l’appel du Chef de l’Etat qui nous a demandé hier de contribuer à une réflexion en faveur de la nation afin de l’aider à prendre la meilleure des solutions pour la paix et le développement de notre cher pays !
Voici notre modeste contribution dans le débat lié à la table ronde en cours à Kinshasa !.
CT Didier Likele, PPIF/ CNC-Ituri »/Rédaction
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