Le paysage politique congolais est secoué par une affaire judiciaire majeure. Ce lundi 9 juin 2025, Firmin Mvonde, procureur général près la Cour de cassation, a officiellement saisi l’Assemblée nationale afin d’obtenir l’autorisation d’engager des poursuites contre le ministre d’État à la Justice, Constant Mutamba. Au centre de ce dossier, un détournement présumé de 19 millions de dollars américains, initialement destinés à la construction d’une prison centrale à Kisangani, dans la province de la Tshopo.
Cette procédure judiciaire fait suite à une série d’auditions menées par le parquet général, après la levée de l’immunité parlementaire du ministre Mutamba, votée à majorité par une commission spécialisée de l’Assemblée nationale. Les auditions, conduites dans un climat particulièrement tendu marqué par une forte mobilisation policière et la présence de nombreux partisans du ministre, ont permis au procureur général de renforcer ses accusations.
Selon Firmin Mvonde, les explications fournies par le ministre de la Justice n’ont pas permis de dissiper les soupçons de malversation, mais auraient au contraire consolidé les charges pesant contre lui.
Le dossier met en lumière des irrégularités présumées dans la passation du marché public, attribué de gré à gré à la société Zion Construction, ainsi que l’ouverture suspecte d’un compte bancaire juste avant le versement des fonds. Cette affaire, qui implique directement le garde des Sceaux en exercice, suscite de vives interrogations sur la transparence et le contrôle des marchés publics en République démocratique du Congo.
Si la justice venait à établir la culpabilité de Constant Mutamba, ce dernier pourrait encourir une peine allant jusqu’à 15 ans de réclusion. Au-delà du cas individuel, ce dossier pourrait s’imposer comme un test décisif pour l’indépendance du pouvoir judiciaire et la lutte contre la corruption au sein de l’État congolais.
Les regards se tournent désormais vers l’Assemblée nationale, dont la décision conditionnera la suite de cette affaire, très suivie par une opinion publique en quête de reddition des comptes.
Rédaction
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