Dans la soirée du 18 avril, un infirmier de Médecins Sans Frontières (MSF) a été tué par balle à son domicile, situé au centre de Masisi, dans la province du Nord-Kivu. L’attaque, perpétrée par un homme armé en uniforme, marque la troisième perte tragique d’un employé de MSF dans cette région depuis le début de l’année.
Selon les témoignages recueillis, deux hommes en uniforme militaire, armés de fusils d’assaut, ont racketté plusieurs civils avant de pénétrer dans le domicile de l’infirmier, dans l’intention d’y extorquer des biens. Lors de l’irruption, des tirs ont été échangés, touchant mortellement l’agent de MSF à deux reprises au thorax.
« Nous condamnons fermement cet acte terrible qui a coûté la vie à notre collègue, et qui reflète la dégradation sécuritaire massive que nous constatons au Nord-Kivu et au Sud-Kivu depuis le début de l’année », a réagi Emmanuel Lampaert, Représentant de MSF en RDC.
Il souligne que les équipes de l’ONG sont devenues non seulement témoins, mais aussi victimes régulières d’agressions armées visant civils, humanitaires et infrastructures médicales.
En l’espace de quatre mois, trois employés de MSF ont ainsi perdu la vie par balle dans le Nord-Kivu. Le 20 février, un radio-opérateur a été tué lors d’affrontements entre les groupes armés VDP/Wazalendo et M23/AFC, à proximité de la base de l’organisation à Masisi centre. Quelques jours plus tard, un autre agent de MSF a été abattu à son domicile à Goma. Plusieurs autres collègues ont été blessés par balle, dont un actuellement hospitalisé.
« Même loin des lignes de front, l’insécurité est omniprésente », déplore Mathilde Guého, cheffe des programmes MSF au Nord-Kivu. Elle alerte sur une recrudescence des actes violents : assassinats, violences sexuelles, extorsions, et intrusions nocturnes dans les domiciles sont devenus quotidiens.
MSF affirme avoir été directement touchée par une quinzaine d’incidents graves depuis janvier, affectant ses bureaux, ambulances et structures médicales partenaires. L’organisation appelle les autorités à agir en urgence pour encadrer les porteurs d’armes, protéger les civils, lutter contre la criminalité et garantir la sécurité des humanitaires.
« Aux groupes armés comme aux forces gouvernementales, nous rappelons que la protection des civils et des biens en situation de conflit est une obligation », martèle Emmanuel Lampaert.
MSF emploie près de 3 000 collaborateurs nationaux et internationaux en RDC, qui œuvrent aux côtés du Ministère de la Santé pour fournir des soins aux populations les plus vulnérables du pays. Mais dans un climat sécuritaire aussi détérioré, leur mission humanitaire est chaque jour plus difficile.
Saliboko Mangala Pierre
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