En province d’Ituri, une nouvelle forme d’abus économique suscite l’indignation. Alors que le dollar américain connaît une légère baisse sur le marché de change, plusieurs établissements scolaires, structures sanitaires et opérateurs économiques continuent d’appliquer un taux de conversion surévalué, au détriment des ménages déjà fragilisés par la pauvreté et l’insécurité.
Dans de nombreuses écoles de Bunia, les frais de scolarité fixés en dollars ne tiennent plus compte du taux réel du marché. Les montants, qui devraient logiquement baisser avec la dépréciation du billet vert, demeurent inchangés, voire augmentés.
« Une école qui exigeait 15 dollars continue de calculer au taux de 3 000 francs congolais, alors que le taux du marché tourne autour de 2 500 FC. C’est une injustice qui écrase les parents », déplore un représentant des parents d’élèves.
Le même constat s’observe dans plusieurs hôpitaux privés et commerces, où des services autrefois facturés à 10 dollars sont désormais tarifés à plus de 28 000 FC, en ignorant délibérément le taux du jour. Ce déséquilibre entraîne une flambée des prix des produits de première nécessité, aggravant la précarité dans une province où la majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Les services publics chargés de réguler les prix et de veiller au respect du taux de change semblent dépassés par l’ampleur du phénomène. Certains citoyens accusent même des agents de contrôle d’alimenter la confusion par leur laxisme ou leur complicité.
« Le service de contrôle économique est infesté. Il ne parvient pas à stabiliser le marché. Chacun applique son propre taux », regrette un acteur de la société civile.
Face à cette situation, plusieurs voix s’élèvent pour réclamer une intervention urgente des autorités provinciales et de la Banque Centrale du Congo, afin de mettre fin à ce qu’ils qualifient d’arnaque collective.
Des observateurs avertissent que la colère populaire pourrait s’intensifier si aucune mesure n’est prise pour protéger les familles vulnérables face à ce désordre économique croissant.
En Ituri, la manipulation du taux de change par certains établissements et opérateurs économiques s’apparente à une bombe sociale à retardement, dans un contexte déjà marqué par l’insécurité et la précarité.
À noter que le taux de change se négocie actuellement entre 2 000 et 2 300 francs congolais pour un dollar, selon les variations observées chez les cambistes locaux.
Serge Jalar
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